Chère lectrice, cher lecteur,
Aujourd’hui comme chaque quatrième vendredi d’octobre nous fêtons la journée internationale du champagne, plus connue sous le nom de Champagne Day[1].
Nous sommes très nombreux à apprécier, occasionnellement, une coupe de ce breuvage pétillant associé à la fête et aux moments joyeux. Est-ce aussi votre cas ?
J’habite dans un petit village connu pour abriter les caves d’un producteur renommé de vin mousseux. Il ne s’agit pas de champagne à proprement parler (c’est une appellation d’origine contrôlée) mais de ce qu’on appelle la « méthode champenoise ». En bon ambassadeur de ma région j’ai pris l’habitude depuis plusieurs années de recevoir mes amis au mousseux, celui-ci étant particulièrement agréable et très proche d’un bon champagne.
A chaque fois que j’en déguste une coupe je repense à la romancière belge Amélie Nothomb, qui se met souvent en scène dans ses romans en train d’en boire et qui en a fait pour ainsi dire son vin de table. Lors d’un entretien elle expliquait ceci :
« Le vin rouge est sanguin, lourd, il faut du corps pour le boire, les pieds sur terre, une charpente. Le champagne est du côté de la grâce, de l’aérien, de l’éphémère, de l’esprit, du rêve. On peut être légère comme une femme et boire beaucoup de champagne. »[2]
Pourtant nous savons tous que la consommation d’alcool présente certains risques pour notre santé. Serait-il possible que dans le cas du champagne, les avantages l’emportent sur les inconvénients ? Je vais essayer de vous aider à y voir plus clair.
Des bains de champagne pour la peau…
Dès le XVIIIe siècle la consommation du champagne est recommandée en œnothérapie (médecine par le vin) contre les états nauséeux et pour soutenir le moral[3].
Au XIXe siècle certaines dames fortunées prennent des bains de champagne, l’acide tartrique qu’il contient étant considéré comme un éclaircissant susceptible d’unifier le teint. Au XXe siècle encore plusieurs vedettes poursuivront cette pratique, comme Sarah Bernhardt et Marilyn Monroe.
Cette croyance n’est pas complètement farfelue car certains oligo-éléments présents dans le champagne nourrissent l’épiderme, ont une action hydratante et activent la restauration des tissus abîmés.
Mais qu’est-ce au juste que le champagne ? Pour faire simple, c’est un mélange constitué principalement de deux cépages, le pinot noir et le pinot meunier, auxquels on en ajoute généralement un troisième, qui est le chardonnay.
Des effets protecteurs pour le cerveau
Les pinots contiennent des polyphénols. Ces molécules
- stimulent le fonctionnement de vos vaisseaux ;
- diminuent votre pression artérielle ;
- favorisent votre circulation sanguine tout en réduisant le risque de voir des caillots se former dans votre sang.
Fluidifier la circulation sanguine permet de bien oxygéner le cerveau, ce qui est bon pour les neurones et la mémoire. Une étude de 2013 laisse même entendre qu’une consommation modérée de champagne pourrait améliorer la mémoire spatiale, grâce notamment à son apport en acide phénolique[4], tandis qu’une autre étude parue quelques années plus tôt démontrait que ce même acide avait des effets neuroprotecteurs[5].
En améliorant les fonctions cognitives, le champagne préviendrait les maladies neurodégénératives, et ce en partie grâce aux composés présents dans le pinot noir et le pinot meunier qui aident à diminuer le risque de démence.
Toutefois l’étude de 2013 ayant été réalisée sur des rats (ceux qui avaient consommé du champagne pendant 6 semaines montraient une activité cérébrale plus importante), il reste à effectuer d’autres expériences directement sur l’être humain. A ce stade cette étude ouvre des pistes intéressantes mais ne constitue pas en soi une démonstration tangible des effets positifs du champagne sur le cerveau[6].
L’étude la plus intéressante sur le sujet est sans doute celle réalisé par l’Université Reading en 2009 qui a conclu que boire 1 à 3 coupes de champagne par semaine pouvait favoriser la santé du cerveau[7].
Un atout contre les maladies cardiovasculaires
Les polyphénols du champagne agissent également pour prévenir les maladies cardiovasculaires[8], les composés phénoliques étant des actifs organiques très bienfaisants sur ce plan-là. Ils augmentent la disponibilité de l’oxyde nitrique, une molécule vasculaire active qui contrôle la tension artérielle.
Selon une étude de l’Université de Cambridge, une consommation (toujours modérée bien sûr) de cette boisson permettrait d’améliorer certaines fonctions vasculaires[9]. Des effets que vous ne retrouverez pas dans les vins blancs, où les niveaux de composés phénoliques sont sensiblement plus bas.
Dans une seule coupe de champagne on peut trouver 4000 composés sous forme ionique : des sels minéraux, des vitamines (B1, B2, B5, B6, B9, B12, C et PP), des sucres complexes et surtout de nombreux oligo-éléments. Parmi eux du potassium, du calcium, du magnésium, du soufre, du cuivre (qui sont tous des sels minéraux assimilables) mais aussi du fer ionique ou du zinc.
Ces éléments minéraux peuvent avoir un léger effet somnifère (en plus de celui induit par l’alcool) mais ils ont aussi le mérite de pouvoir vous soulager un peu si vous souffrez d’une migraine. Par ailleurs ils ont des propriétés dépuratives, détoxifiantes et anti-inflammatoires et peuvent s’avérer bienfaisants en cas de rhumatismes, de rhumes ou d’allergies[10].
Le phosphore et le lithium aident à réguler les humeurs. Le zinc, quant à lui, est utile pour réguler l’influx nerveux, ce qui peut expliquer en partie la sensation de détente ressentie en buvant du champagne. On le recommandait d’ailleurs jadis comme antidépresseur et anxiolytique.
Des petites bulles bonnes pour la digestion
A noter qu’il s’agit aussi d’un des alcools les moins caloriques, une flûte de champagne ne contenant que 70 à 80 calories contre 112 pour un verre de Martini, 120 pour un verre de Spritz et plus de 200 pour un verre de whisky ! En revanche, boire du champagne peut ouvrir l’appétit, le gaz carbonique ayant tendance à stimuler les sécrétions des glandes de l’estomac.
Ce gaz carbonique, contrairement à celui qu’on trouve dans les boissons gazéifiées ou certains vins pétillants, n’est pas ajouté de manière artificielle mais provient de la seconde fermentation du champagne. Aussi il n’irrite pas l’estomac, ne nuit pas à la digestion mais l’améliore au contraire en dissolvant les graisses et en évitant les ballonnements. En effet, le dioxyde de carbone issu de la fermentation aide à lutter contre l’aérophagie.
Le gaz carbonique du champagne a aussi d’autres vertus. Les boissons effervescentes étant absorbées moins rapidement par l’organisme que celles qui ne le sont pas, vous ressentez plus vite l’impression d’avoir bu et êtes donc moins tenté de boire outre mesure. Car c’est là, évidemment, la condition essentielle pour pouvoir profiter des avantages du champagne : savoir ne pas en abuser !
Mais ce ne sont pas les seuls mérites du champagne, il y en a plusieurs autres :
- sa légère acidité prévient les crises de foie
- sa teneur élevée en ions magnésiens et en sels carbonatés active le flux biliaire et favorise la suppression des substances toxiques
- ses antioxydants protègent les vaisseaux sanguins et réduisent le mauvais cholestérol
- une flûte de champagne par jour active la circulation lymphatique, aide le cerveau à sécréter des hormones antidiurétiques, ce qui permet d’accentuer les mécanismes de défense ordinaires de l’organisme et de diminuer les troubles de la cellulite[11]
L’écrivain et scénariste Henri Jeanson, lui aussi grand amateur de ce breuvage, disait un jour à une femme rencontrée dans une soirée :
- Madame, le champagne vous rend encore plus belle
- Mais monsieur, je n’en ai pas encore bu…
- Oui mais moi j’en ai déjà bu deux coupes !
Une boutade qui nous rappelle que si le champagne à petites doses est excellent pour le moral il peut aussi, en plus grandes quantités, fausser notre jugement et notre perception – comme tous les autres alcools d’ailleurs.
Attention, il s’agit tout de même d’une boisson alcoolisée !
Si à faible dose le champagne stimule le cerveau et procure un effet euphorisant très agréable (provoqué par l’évacuation d’hormones par les cellules nerveuses), à dose plus élevée cette décharge neuro-hormonale se fait de manière complètement désordonnée, les cellules du cerveau risquant alors de se vider (d’où la sensation de fatigue entrainée par l’ivresse).
Et c’est là un moindre mal car l’excès de champagne peut avoir des conséquences bien plus graves. Comme souvent, ce n’est pas la substance en soi qui pose problème, mais c’est la dose qui fait le poison.
Trois exemples pour vous en convaincre.
- Si le champagne a certaines propriétés laxatives, c’est parce qu’il active la mobilité de votre colon, et favorise ainsi la digestion. Il est également diurétique, comme tous les vins blancs secs. Mais si vous en buvez plus de deux coupes, cela va faire réagir votre pancréas, lequel va provoquer une réduction du mouvement de votre tube digestif, ce qui va générer, au contraire, des difficultés d’évacuation.
- Si le champagne, comme nous l’avons vu, peut prévenir les pertes cognitives qui surviennent avec l’âge et protéger votre cerveau grâce à l’acide phénolique, en boire trop peut provoquer des maladies dégénératives, ce qui est un risque courant en cas d’alcoolisation excessive.
- Si une consommation modérée de champagne peut diminuer les risques de certains cancers (ceux de l’œsophage, du côlon et du rectum) grâce à ses antioxydants (ses acides lipoïques entre autres), une consommation régulière d’alcool, quel qu’il soit, augmente au contraire le risque de contracter certains cancers (celui du sein notamment).
Certaines personnes, quoi qu’il en soit, doivent absolument renoncer au champagne, à commencer par les femmes enceintes.
Rappelons donc que s’il n’est pas interdit – et qu’il est même vivement conseillé – de se faire plaisir, les boissons alcoolisées présentent certains risques spécifiques si on en abuse et les meilleurs nectars doivent se déguster avec parcimonie !
Et vous, raffolez-vous aussi comme moi du champagne ? Avez-vous déjà ressenti, au moment d’en boire, certains des effets positifs (ou négatifs) évoqués plus haut ? Si c’est le cas je serais curieux de lire vos commentaires ici.
Salutations pétillantes,
François Renart
[1] https://www.champagneday.fr [2] Amélie Nothomb, entretien, L’Hebdo, 14 août 2014 [3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Champagne_(AOC)#Le_champagne_et_la_sant%C3%A9 [4] https://www.liebertpub.com/doi/full/10.1089/ars.2012.5142 [5] https://pubs.acs.org/doi/full/10.1021/jf063304z [6] https://neo-nutrition.net/ce-breuvage-festif-peut-il-vous-eviter-une-demence/ [7] https://www.reading.ac.uk/news-archive/press-releases/pr259265.html [8] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20424562/ [9] https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/moderate-champagne-consumption-promotes-an-acute-improvement-in-acute-endothelialindependent-vascular-function-in-healthy-human-volunteers/671DF8666FF1FAC1D82F876AAA31F5FB [10] https://fr.wikipedia.org/wiki/Champagne_(AOC)#Le_champagne_et_la_sant%C3%A9 [11] https://www.frequencemedicale.com/medecine-generale/patient/27746-Le-champagne-est-il-bon-pour-la-sante
très bien vos articles Monsieur François Renart – mais pourquoi ne répondez vous pas aux questions posées –
Bjr, pour mes acouphenes j‘ai essaye beaucoup de choses!!! mais c‘est par hadard qu‘avec un verre de proseco BIO plus d acouphene plus ce sifflement ds mes oreilles!!! comme quoi les choses simples marchent!!!! merci a vous et l‘rticle fort interessant !!!Vero
Bonjour,
J’ai beaucoup aimé votre article, cher Monsieur!
Il est plein de belles découvertes scientifiques et humaines, intelligemment écrit, subjectif mais modérateur.
Je vous en remercie et » à votre santé »
Evelyne.