Ce que m’ont appris les Anglais
Partie 1 – Éviter le pire

Quand vous entendez « Angleterre », vous pensez certainement à « mauvaise nourriture », « alcoolisme » et « mauvais temps ».

Vous n’avez pas tout à fait tort.

Si comme moi, vous avez passé du temps de l’autre côté de la Manche (du mauvais côté, certains diraient), vous avez fait des découvertes surprenantes.

La gelée d’anguille (en image ci-dessus), la pâte à tartiner à la levure de bière, les haricots sucrés à la sauce tomate, le thé au bœuf, les barres chocolatées frites…

Les Britanniques ne cessent de décevoir – et de dégoûter les palais français.

Au-delà de ces graves atteintes à notre sensibilité gustative, la gastronomie anglaise s’en prend souvent à notre santé.

J’aime imaginer parfois les pays européens se présenter devant un grand juge de la gastronomie (qui serait, sans conteste, français).

L’Italie jouerait des épaules avec la France pour faire déguster un délicieux plat de parmigiana, l’Espagne s’empresserait juste derrière elle avec une paëlla fumante, succédée par la Grèce, tenant du bout des bras une moussaka réjouissante de saveurs.

Le Royaume-Uni, lui, traînerait des pieds en queue de file avec un « fish and chips ».

Battu d’avance, le pays proposerait un plat aux teintes jaunâtres et à l’odeur pesante d’un McDonald’s.

Vous me trouvez peut-être dure… Ce plat doit avoir un « truc » que je ne comprends pas.

 

Cauchemar en cuisine ?

Après tout, Winston Churchill l’adorait et en avait fait une exception au rationnement alimentaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon lui, les « fish and chips » étaient de « bons compagnons [de guerre] ».

Comme sa composition nutritionnelle, ce plat a une riche histoire. Il aurait été introduit au Royaume-Uni à la fin du XIXème siècle par des vagues migratoires d’Europe de l’Est, et il se serait rapidement répandu sur les tables des classes populaires avec l’expansion de la pêche au chalut en mer du Nord (et, de fait, le développement du marché de masse).

Si son parcours est intéressant, son curriculum nutritionnel est désastreux. Selon un historien de l’université de Lancaster, « le fish and chips est le pionnier de l’industrie du fast-food à bien des égards »[1].

Pourquoi ? Figurez-vous simplement du cabillaud enrobé de pâte à frire et cuisiné dans de la bière brune et de l’huile de cuisson accompagné d’épaisses frites de pommes de terre, avec une purée de petit pois.

Pour une portion (soit 513 grammes), le fish and chips avoisine les 1000 calories avec 53 grammes de lipides (dont 15% de graisses saturées), et en moyenne 70 grammes de glucides[2].

Je le précise, l’accompagnement de petits pois ne sert qu’à donner bonne conscience à ces Bretons insulaires.

Vous ne le saviez peut-être pas, mais les petits pois sont des féculents et s’ajoutent, dans cette assiette, à la pâte à frire et les pommes de terre. Je reviendrai sur ce point dans une autre lettre.

En un repas (si vous osez vous y essayer), vous aurez comblé près de 45% de vos besoins énergétiques, et pas de la meilleure façon.

Pour vous donner une idée, un hamburger de chez McDonald’s servi avec une portion de frites équivaut à 570 calories (contre les 1000 du côté UK) et 24 grammes de lipides pour 74 grammes de glucides[3].

À ce compte-là, vous avez meilleur intérêt à faire honneur à la gastronomie américaine…

 

Une leçon de nutrition, made in UK

Mais contre toute attente, c’est en Angleterre que j’ai appris à mieux manger.

Si l’on gratte la surface des stéréotypes sur la cuisine britannique, on trouve une diversité alimentaire hors du commun.

Son histoire coloniale lui laisse un héritage culinaire hautement multiculturel, qui fait la part belle aux épices et aux légumes peu usités dans nos cuisines occidentales.

À la découverte les épices

L’histoire coloniale du Royaume-Uni, notamment en Inde, a donné naissance à des mélanges de cultures culinaires.

Les épices telles que le gingembre et le curcuma font partie des épices utilisées dans les curries. Ces deux ingrédients sont devenus des essentiels de ma cuisine, et je vous conseille de faire la même chose.

Pourquoi ? Le curcuma ainsi que le gingembre sont des anti-inflammatoires et anti-oxydants naturels puissants.

J’ai toujours dans ma cuisine quelques racines de gingembre et de curcuma. Quand j’ai le temps, je les râpe et je les dispose dans un infuseur à thé avec du thé vert avant de les recouvrir d’eau chaude et de quelques gouttes de citron. En plus d’être délicieuse, cette infusion me donne l’énergie et la vitalité dont j’ai besoin pour commencer ma journée.

Le curcuma, surnommé le « safran des Indes », est excellent pour soulager les douleurs articulaires et pour garder votre foie en bonne santé.

Dans son ouvrage x100 : Comment protéger son foie pour vivre jusqu’à 100 ans, l’hépatologue Gabriel Perlemuter le recommande à ses patients souffrant d’une hépatite de surpoids ou d’alcool[4].

La liste de ses bienfaits est longue comme la Magna Carta, mais il diminue, entre autres, le taux de triglycérides et de cholestérol dans le sang.

En gros, il facilite la cicatrisation fibreuse du foie et empêche les cellules de se gorger de graisse. Que du bon !

En m’intéressant de plus près aux épices, j’ai appris à mieux les utiliser et à les combiner. J’ai commencé à découvrir la force des synergies alimentaires d’un point de vue scientifique, et les preuves abondent. À titre d’exemple, une riche étude publiée en 2022 souligne l’activité anti-inflammatoire de l’association gingembre-curcuma[5].

Et vous, avez-vous récolté des astuces culinaires au fil de vos voyages ?

Partagez vos recettes et votre avis sur cet article en commentaires. Je me ferai un plaisir de faire votre connaissance !

Santé !
Mélanie Sigali

Sources :

[1] Fish and Chips and the British Working Class 1870-1930, John K. Walton, University of Lancester. https://www.jstor.org/stable/3787879
[2] Informations nutritionnelles de la National Federation of Fish Friers https://www.nfff.co.uk/pages/nutritional-info
[3] Informations nutritionnelles, McDonald’s https://www.mcdonalds.com/us/en-us/about-our-food/nutrition-calculator.html
[4] Gabriel Perlemuter, x100 : Comment protéger son foie pour vivre jusqu’à 100 ans, Flammarion, p. 141.
[5] Zhou, X.; Afzal, S.; Wohlmuth, H.; Münch, G.; Leach, D.; Low, M.; Li, C.G. Synergistic Anti-Inflammatory Activity of Ginger and Turmeric Extracts in Inhibiting Lipopolysaccharide and Interferon-γ-Induced Proinflammatory Mediators. Molecules 2022, 27, 3877.

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1 Commentaire
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étonnant intéressant cet article Mélanie bravo !