Chère lectrice, cher lecteur,
J’ai récemment revu un film que j’adore, La Piel que habito de Pedro Almodóvar.
En français, le titre signifie littéralement “La peau que j’habite”.
L’intrigue se résume comme suit : un chirurgien esthétique aux penchants transhumanistes, incarné par Antonio Banderas, met au point une peau synthétique qui permettrait de protéger de certaines maladies infectieuses, des brûlures et du vieillissement.
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas “divulgâcher” ce thriller psychologique captivant, que je ne conseille toutefois pas à tout le monde.
Ce que je trouve fascinant, c’est la création de cette peau « parfaite », résistante au passage du temps.
Si vous aviez le choix, “habiteriez-vous” une telle peau ?
“On ne peut pas être et avoir été”
Pour ma part, je ne sais pas trop.
Ne serait-il pas étrange de traverser le temps avec un visage jeune et rebondi, alors que vos proches changent au fil des années ?
Je pense souvent à cette phrase du poète Nicolas Chamfort.
“On ne peut pas être et avoir été.”
Je la trouve injuste et réductrice. Ce qui peut se lire en filigrane est : “on ne peut pas être jeune et le rester”, avec une préférence tacite pour la jeunesse.
À mon sens, chaque nouvelle étape de la vie doit être vécue sans la nostalgie de celle qui vient de se terminer.
Fort malheureusement, force est de constater que le jeunisme est toujours d’actualité.
Le culte de la jeunesse, associé à la beauté, à la force et à la performance, empêche bon nombre de personnes d’accepter leur propre vieillissement. Ceci est particulièrement vrai chez les femmes.
Le recours massif aux pratiques invasives telles que la chirurgie et les injections, en particulier dans les pays anglo-saxons, le prouve.
D’ailleurs, le marché de la chirurgie esthétique se porte très bien.
Une augmentation continue de (plus de 30%) a été observée depuis 2019 dans le monde entier en matière d’opérations esthétiques 1. Sur le podium, vous trouvez : les liposuccions, les augmentations mammaires, les rhinoplasties et les injections de toxine botulinique. 2
Les personnes qui usent et abusent de la chirurgie ou des injections se démarquent des autres comme un pouce douloureux, comme diraient les Anglais.
Que s’injecte-t-on dans le corps ?
Soyons clairs.
Je ne mène pas une guerre contre la chirurgie esthétique ou les injections. Je n’ai rien contre quelques retouches délicates qui rehaussent un affaissement cutané ou qui ouvrent subtilement le regard.
N’avons-nous pas banalisé l’otoplastie (le recollement des oreilles) depuis longtemps, même chez les enfants ?
Le problème principal, c’est l’ignorance de celles et ceux qui s’engouffrent dans des tendances dangereuses.
Les canons de beauté actuels sont à l’augmentation de certaines formes du visage et du corps (lèvres, seins et fesses).
Je ne porte aucun jugement sur ce changement de paradigmes. Je la préfère même à l’éloge de la maigreur qui était monnaie courante dans les années 90.
Le problème, ce sont les comportements qu’elle encourage. Le recours à la chirurgie et l’injection de substances délétères en fait partie.
L’engouement pour les “lip fillers” chez les plus jeunes, le remplissage de lèvres avec de l’acide hyaluronique, me laisse particulièrement perplexe.
Ces personnes qui s’injectent de l’acide hyaluronique sous la peau tous les 6 mois, connaissent-elles la dangerosité de cette substance ?
Une étude américaine de l’université de Michigan a révélé le potentiel cancérigène de l’acide hyaluronique. Les cellules cancéreuses se nourriraient de cette substance, et en particulier dans les cas de cancer du pancréas. 3
L’acide hyaluronique est un polymère à longue chaîne de disaccharides qui attire et retient l’eau. Il s’accumule dans le pancréas et prend toute la place à cause de sa densité, écrasant les veines et obstruant le flux sanguin.
Les tumeurs dans le pancréas deviennent dures, ce qui les rend très difficiles à traiter. Et malgré un approvisionnement sanguin amoindri, les cellules cancéreuses se nourrissent des sucres foisonnants dans l’acide hyaluronique (les disaccharides).
Face à de telles conclusions scientifiques, je me pose la question suivante. Pourquoi nous mettons-nous en danger, pour des raisons si superficielles ?
Des réactions pas si épidermiques
Ce qui se trame dans cette prise de risques insensée est bien plus profond qu’il n’y paraît, en particulier pour les femmes.
Le rejet du vieillissement, la banalisation de la chirurgie esthétique, l’obsession de la minceur…
L’autrice Mona Chollet a écrit un livre très fourni sur ce sujet.
Dans son ouvrage Beauté fatale, elle passe en revue la presse féminine, les publicités, les séries TV et les études sociologiques… pour montrer qu’un certain culte de la beauté entretient une haine de soi, par-delà les considérations purement esthétiques.
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Face à un matraquage publicitaire promouvant un idéal de beauté féminin, un questionnement d’ordre psychologique est nécessaire.
Saviez-vous que les personnes qui perçoivent le vieillissement de façon négative présentent un déclin cognitif plus marqué que les personnes ayant une vision positive du vieillissement ? 5
C’est ce que révèle une étude de chercheurs belges et canadiens. Et ce n’est pas tout.
Les personnes qui entretiennent une vision négative de leur propre vieillissement sont plus susceptibles d’avoir des problèmes cardiovasculaires et une espérance de vie plus courte que les personnes qui sont heureuses de vieillir (environ 7,5 ans de moins !).
En termes de vision négative du vieillissement, l’exemple le plus frappant est celui de Madonna.
Après avoir passé une vie entière sous les feux des projecteurs, vieillir n’est toujours pas dans ses projets. Un nombre incalculable d’opérations chirurgicales lui ont donné l’apparence d’une jeune femme de 20 ans… À 66 ans. C’est terrifiant.
Voyez, je ne suis ni en faveur d’un abus chirurgical à la limite du transhumanisme, ni pour un déni total de l’importance psychologique que joue l’apparence physique.
Si vos rides vous donnent une mauvaise image de vous-même, je vous comprends et je vous encourage à vous tourner vers des solutions naturelles.
J’ai effectué un travail de recherche sur la méthode myofasciale.
J’ai trouvé cette méthode très pertinente, elle s’appuie sur une connaissance précise de l’anatomie du visage.
Comme son nom l’indique, la méthode myofasciale agit sur les muscles et les fascias du visage.
Je la pratique moi-même, et je la trouve très convaincante.
Santé !
Mélanie Sigali
Sources :
- https://www.latribune.fr/economie/france/medecine-esthetique-les-europeens-desormais-troisieme-plus-gros-consommateurs-du-monde-989536.html
- https://www.isaps.org/media/nrudjhfe/2021-global-survey-press-release-french-canadian.pdf
- https://elifesciences.org/articles/62645
- Chollet Mona (2012), Beauté fatale : Zones.
- Adam S, Joubert S, Missotten P. L’âgisme et le jeunisme : conséquences trop méconnues par les cliniciens et chercheurs ! Rev Neuropsychol 2013.