Chère lectrice, cher lecteur,
Après 10 ans de douleurs abdominales chroniques, maux de tête récurrents, fatigue extrême… J’ai décidé de changer.
Perdue dans une errance médicale que je croyais infinie, j’avais ignoré tous les signaux que m’envoyait mon corps.
Suis-je la seule ? Avez-vous, vous aussi, déjà ignoré vos douleurs ?
Si oui, cela pourrait être influencé par votre biologie et votre culture.
Sur 10, combien avez-vous mal ?
La douleur physique pose un problème principal : elle est une expérience subjective, la seule façon de la partager est de la communiquer verbalement.
La compréhension de la douleur ressentie individuellement repose sur un pacte de confiance entre la personne qui la ressent, et celle qui reçoit l’information.
Pour qu’elle soit comprise, il faut que la douleur soit crue. Et ceci est crucial dans le domaine médical.
Le médecin, l’infirmière, l’aide-soignant doit comprendre et mesurer la douleur du patient à sa juste valeur.
D’ailleurs, il est courant que l’on vous demande de “noter” votre douleur. “Sur 10 (ou 5) combien avez-vous mal ?”.
Cette échelle d’évaluation de la douleur appelée “échelle verbale simple” a vocation de rationaliser une expérience personnelle, vécue dans sa chair.
Toutefois, la perception de cette douleur communiquée fait l’objet de plusieurs biais, dont un biologique.
Douleur, au féminin ou au masculin ?
Vous connaissez sans doute ce stéréotype qui oppose la douleur des femmes et des hommes.
Quand un homme a un rhume, le monde s’arrête de tourner. Quand une femme a une grippe, elle s’active à la maison et au travail au lieu de se reposer.
Ce stéréotype, quoique caricatural, contiendrait une part de vérité.
Deux études ont attiré mon attention :
- La première, issue du Journal of Neuroscience explique que les récepteurs de la douleur sont différents chez les mâles et les femelles, d’après une étude in vivo sur des souris (1) ;
- La seconde, publiée par le PNAS, souligne que l’administration d’analgésiques est bien moins fréquente chez les patientes femmes que chez les patients hommes. (2)
Que faire de ces conclusions qui sont, sans doute aucun, corrélées ?
Est-ce que les femmes ressentent moins la douleur que les hommes d’un point de vue biologique ou est-ce une construction culturelle ?
Si vous vous référez à la première étude, l’expérience de la douleur changerait d’un sexe à l’autre.
Les récepteurs TLR4 logés dans la moelle épinière, la rate, les poumons, le tractus gastro-intestinal, le foie et bien d’autres endroits dans le corps, sont activés lorsqu’une inflammation est déclarée.
Ces récepteurs créent des cytokines inflammatoires qui déclenchent l’alarme d’une inflammation dans votre corps, en particulier chez les personnes de sexe masculin.
L’expression de la douleur dépendrait de l’activité des récepteurs TLR4 chez les sujets mâles, mais pas chez les femelles !
La raison est simple : l’implication des TLR4 dans la douleur des sujets mâles dépend grandement de la testostérone. Ainsi, les souris mâles ressentiraient la douleur de façon plus prononcée que les souris femelles.
J’attire à présent votre attention sur la deuxième étude, publiée par l’Académie nationale des sciences américaine (PNAS). Elle est intitulée “biais sexuels dans les décisions liées à la gestion de la douleur” (Sex biais in pain management decisions).
Selon ses conclusions, une discrimination significative dans l’administration d’antalgiques est observée entre les hommes et les femmes dans le domaine médical aux États-Unis.
(3)
En violet, le pourcentage de femmes ayant reçu une dose d’antalgique après avoir déclaré une douleur faible, moyenne ou sévère (de gauche à droite). En bleu, le pourcentage d’hommes.
Dans les trois intensités de douleur, les femmes reçoivent moins de calmants que les hommes.
Une des conclusions tirée par le journal Nature est la suivante : la douleur des femmes est moins prise au sérieux que celle des hommes dans le milieu médical. (4)
Il est évident que cette discrimination est sous-tendue par un cliché genré selon lequel les hommes sont des “durs à cuire”, et les femmes des êtres sensibles et plaintifs.
Les hommes ne se plaindraient qu’au paroxysme de la douleur, alors que les femmes geindraient au moindre petit bobo.
Conséquence de ce cliché qui a la vie dure ?
La douleur des femmes est moins prise au sérieux que celle des hommes, et les soins administrés aux femmes sont lacunaires.
Je le précise entre parenthèses, ceci est particulièrement vrai pour les femmes issues de minorités ethniques. (5)
La fin de mes douleurs intestinales
La minimisation des douleurs, de votre propre chef ou de celui du personnel médical, peut mener à des errances médicales sans fin.
C’est ce qui m’est arrivé pendant 10 ans.
Les réponses à vos problèmes ne se trouvent pas forcément là où vous les cherchez en premier lieu.
Si l’avis de votre généraliste et d’un spécialiste de médecine conventionnelle est nécessaire, il n’est pas toujours suffisant.
Après des années d’errance médicale et d’absence de diagnostic précis, nombreux d’entre vous s’y habituent et abandonnent leur quête.
Vivre dans la douleur n’est pas normal, et vous méritez de trouver des solutions pour y mettre un terme.
Pour ma part, j’ai trouvé la réponse à mes problèmes en rencontrant la bonne personne, au bon moment : une naturopathe.
Après m’avoir auscultée et interrogée, le bilan était clair : mon régime alimentaire avait causé une hyperperméabilité intestinale.
Je vous en parle dans une prochaine lettre dédiée entièrement à ce sujet.
Intolérances ignorées = douleurs prolongées
Ballonnements, douleurs intestinales, fatigue, diarrhées, sensation de brûlure dans le ventre… Tous ces symptômes peuvent trahir un intestin qui se bat contre un aliment mal toléré.
Le docteur Pierre Nys a passé en revue les différentes intolérances alimentaires qui agissent en sous-marin et détruisent votre intestin à petit feu.
Je vous recommande la lecture de cet ouvrage, le Dr Pierre Nys est un endocrinologue-nutritionniste exceptionnel.
Il m’a fait ouvrir les yeux sur certaines de mes sensibilités, que je m’entêtais à ignorer.
Vous pouvez obtenir cet ouvrage gratuitement en cliquant sur ce lien.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Santé !
Mélanie Sigali
Sources :
(1) https://www.jneurosci.org/content/31/43/15450
(2) Guzikevits M, Gordon-Hecker T, Rekhtman D, Salameh S, Israel S, Shayo M, Gozal D, Perry A, Gileles-Hillel A, Choshen-Hillel S. Sex bias in pain management decisions. Proc Natl Acad Sci U S A. 2024 Aug 13;121(33):e2401331121.
(3) Ibid
(4) https://www.nature.com/articles/d41586-024-02547-7
(5) Campbell CM, Edwards RR. Ethnic differences in pain and pain management. Pain Manag. 2012 May;2(3):219-230.