L’automne est la saison idéale pour s’aventurer dans les bois à la recherche de savoureux champignons. Si vous vivez en France vous êtes sur un territoire particulièrement favorable à cette activité car vous pouvez y trouver 16 000 espèces de champignons. Il y a largement de quoi mitonner de bons petits plats – mais attention toutefois car tous ne sont pas comestibles !
Sur l’ensemble des espèces répertoriées, seuls 1384 sont propres à la consommation, tandis que 469 sont toxiques et 45 carrément mortels[1]. Aujourd’hui j’ai décidé de vous expliquer comment vous pouvez facilement éviter des erreurs potentiellement mortelles.
Savoir distinguer les champignons : une question de survie
L’ennui, c’est qu’il n’existe aucun moyen infaillible pour reconnaître les champignons dangereux. Certains d’entre eux se confondent facilement avec des espèces succulentes, comme le clitocybe (très toxique !) qui ressemble beaucoup à une délicieuse chanterelle.
A gauche des chanterelles, à droite des clitocybes. Ne les confondez surtout pas !
Chaque année en France plus d’un millier de personnes sont intoxiquées, et parmi elles une trentaine de cas sévères et plusieurs décès[2].
Il existe toutefois quelques règles de prudence élémentaires qui, si vous y êtes attentifs, vous éviteront de vous retrouver dans ces sinistres statistiques :
- Évitez les sites pollués car les champignons absorbent les contaminants du sol et de l’atmosphère comme des éponges (pesticides, métaux lourds, etc.)
- Munissez-vous d’un guide fiable (on en trouve facilement en librairie) qui vous permette d’identifier les champignons au moyen de descriptions et de photos
- Ramassez toujours les champignons en entier, avec leur pied (cela permet après coup de les identifier plus facilement en cas de doute)
- Laissez les champignons qui vous paraissent trop vieux (car les toxines augmentent avec le vieillissement)
- Ne les transportez pas dans des sacs plastique pour éviter la macération, optez plutôt pour un panier (en plus d’être plus sain, c’est plus joli !)
- Rejetez tous les champignons qui vous paraissent non identifiés ou douteux
- En cas de doute, demandez l’avis d’un spécialiste averti: pharmacien compétent, association ou société de mycologie[3], etc.
Savoir distinguer les champignons au moment de la cueillette est une étape essentielle mais ce n’est pas suffisant. Même parmi les espèces non toxiques vous pourriez avoir de mauvaises surprises.
Manger des champignons en buvant de l’alcool ? Ça dépend les quels !
Prenez les morilles par exemple. Elles sont d’autant plus délicieuses qu’on ne les trouve pas facilement. Leur rareté n’est peut-être pas une mauvaise chose car si vous les mangez en trop grande quantité ou que vous ne les cuisez pas suffisamment, elles peuvent vous intoxiquer.
Pourquoi ? Parce qu’elles contiennent de l’hémolysine, une molécule qui détruit les globules rouges de votre sang.[4]
Les morilles : succulentes mais à condition d’être bien cuites !
Certains champignons peuvent présenter un autre problème : ils deviennent toxiques si vous les mangez en buvant de l’alcool. C’est le cas du coprin noir d’encre, qui est parfaitement comestible mais qui pourrait vous jouer un bien mauvais tour si vous l’accompagnez avec une bière ou un verre de vin ou même si vous en buvez moins de 72 heures après votre repas.
Une des molécules de ce champignon, la coprine, va alors bloquer l’élimination de l’alcool par votre organisme, entrainant divers effets désagréables : des rougeurs sur votre visage et votre cou, des maux de tête, des transpirations, des vertiges, des chutes de tension, des vomissements…[5]
Le coprin noir d’encre : comestible, mais seulement dans un repas sans alcool !
En ce qui concerne les champignons comestibles, il existe donc aussi quelques règles de prudence :
- Les consommer en quantité raisonnable
- Éviter d’en manger plusieurs jours d’affilée (pour éviter des désagréments gastro-intestinaux)
- Ne pas manger de champignon sauvage cru
Mais si malgré tout c’est trop tard, que vous avez commis une de ces erreurs ou vous êtes trompé d’espèce et que vous avez bel et bien été intoxiqué, que faire ?
Voilà ce que vous devez impérativement faire en cas d’intoxication !
Chaque champignon a des toxiques spécifiques, ce qui fait que l’intoxication peut varier en gravité et en intensité selon les toxines en cause.
Les premiers symptômes, qui interviennent rapidement après l’ingestion, ressemblent à ceux d’un empoisonnement alimentaire : sueurs, vomissements, diarrhées, douleurs, etc. Dans 90 % des cas ils sont bénins et disparaissent généralement dans les 48 heures sans laisser de séquelles.
Si vous avez ce type de symptôme le plus urgent est de contacter le centre antipoison de votre région[6] ou le 15 (SAMU) pour évaluer la gravité de ce qui vous arrive.
Dans le traitement des intoxications sévères la rapidité dans la mise en place du traitement est importante, c’est pourquoi le mieux serait d’avoir chez vous, à toutes fins utiles, les produits indispensables qui vous permettront de vous « désintoxifier » avant qu’il ne soit trop tard.
Il y a quelques années on a rapporté le cas au Portugal d’une femme qui avait avalé une poêlée de champignons sauvages, parmi lesquels les fameuses amanites phalloïdes, ce champignon très toxique. Heureusement pour elle, elle avait sous la main quelques produits naturels qui lui ont permis, en quatre jours, de se remettre sur pieds et de s’en sortir sans aucune séquelle[7].
L’amanite phalloïde : si vous apercevez de champignon, ne le cueillez surtout pas !
Quels sont ces produits naturels ? Je vous en recommande particulièrement trois :
- Le charbon végétal activé
- La N-acétylcystéine
- La sylimarine
Je vais vous présenter en quelques mots ces trois produits et vous expliquer à quoi ils peuvent vous servir.
Se faire greffer un nouveau foie pour survivre à une amanite phalloïde ?
Le charbon végétal activé est un puissant détoxifiant qui piège les toxiques présents dans le système digestif les rejette hors de l’organisme. En cas d’intoxication bénigne et si vous le prenez dans les 2 heures après l’ingestion des champignons, le charbon accélérera l’élimination de ces toxiques.
La N-acétylacystéine protège votre foie des dommages causés par les champignons vénéneux. L’amanite phalloïde par exemple peut provoquer une destruction très rapide du foie, vous obligeant à subir, sous peine de mort, une transplantation de foie en urgence ! En régénérant le glutathion, qui est l’antioxydant le plus important du foie, la N-acétylacystéine devrait permettre une reprise des fonctions hépatiques normales.[8] Vous pouvez en prendre entre 600 et 1200 mg.
Dans le cas de cette amanite particulièrement vénéneuse les symptômes d’intoxication apparaissent tardivement, c’est pourquoi le charbon risque d’être impuissant, une bonne partie des toxines étant déjà passé dans votre champ.
La sylimarine, pour finir, est un extrait du chardon-marie qui régénère les cellules de votre foie endommagées par les toxiques présents dans les champignons (comme l’amanite phalloïde) et d’augmenter votre niveau de glutathion[9]. Vous pouvez en prendre entre 200 et 600 mg par jour en fonction de votre poids. C’est donc, au même titre que les deux autres, un produit à toujours avoir dans sa pharmacie naturelle !
Et vous ? Avez-vous rencontré l’un de ces champignons pendant vos balades ? Racontez-moi vos expériences de cueillette en commentaire ci-dessous, j’ai hâte de vous lire.
Salutations forestières,
François Renart
[1] Source : Société mycologique de France [2] https://sante.gouv.fr/archives/archives-presse/archives-communiques-de-presse/article/forte-hausse-des-intoxications-graves-par-des-champignons [3] https://www.mycofrance.fr/ [4] https://www.chasseursdechampignons.com/blog/divers/la-morille-est-toxique-crue/ [5] https://www.centreantipoisons.be/nature/champignons/champignons-toxiques/coprin-noir-d-encre-coprinus-atramentarius [6] http://www.centres-antipoison.net [7] Garcia J, Costa VM, Costa AE, Andrade S, Carneiro AC, Conceição F, Paiva JA, de Pinho PG, Baptista P, de Lourdes Bastos M, Carvalho F – Co-ingestion of amatoxins and isoxazoles-containing mushrooms and successful treatment: A case report. Toxicon. 2015 Jun 16;103:55-59. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0041010115001592 [8] Enjalbert F, Rapior S, Nouguier‐Soule J, Guillon S, Amouroux N, Cabot C. Treatment of amatoxin poisoning: 20‐year retrospective analysis. J Toxicol Clin Toxicol 2002;40:715‐57. [9] Pradhan SC, Girish C – Hepatoprotective herbal drug, silymarin from experimental pharmacology to clinical medicine. Indian J Med Res. 2006 Nov;124(5):491-50.
bonjour je vient rectifier une erreur au sujet des coprins ,ceux de la photo sont des coprin chevelu non nocifs salutation