Ce que m’ont appris les Anglais
Partie VI

4 PM, l’heure du thé (et de l’hypoglycémie) !

Chère lectrice, cher lecteur, 

À l’heure où je vous écris cette lettre, il est 16 heures. Je me sers une grande tasse de thé Earl grey, avec une collation.

Je l’avoue, c’est le moment de la journée où j’ai le plus de mal à résister à un petit plaisir sucré. 

Si cette habitude apaise ma faim et rythme ma journée, des millions de Britanniques s’y adonnent allègrement au nom de la tradition. It’s tea time! (C’est l’heure du thé !).

Tea time, l’heure aristocratique du goûter 

Avant toute chose, ne vous méprenez pas sur l’expression “tea time”. 

Au nord de l’Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles, le mot “tea” désigne le repas du soir en Angleterre, et non pas seulement la boisson. 

Alors si vous entendez “what should we have for tea?” (littéralement, “que devrions-nous manger pour le thé”), cela veut dire “qu’allons-nous dîner ?”. Ceci est particulièrement vrai dans les milieux plus populaires.

Mais si vous êtes au sud de l’Angleterre, à Londres par exemple, c’est bien du thé à boire dont il sera question dans l’après-midi.

Ce tea time désigné une théière de thé noir servie entre 16 et 17 heures, généralement du thé Earl Grey

Ce thé est accompagné de minuscules sandwiches au concombre, de scones à la crème et à la confiture et d’autres mignardises à délicatement attraper du bout des doigts. Le tout est parfois agrémenté d’une coupe de champagne. Why not ! (pourquoi pas !).

Les Britanniques doivent ce goûter de luxe à la Duchesse de Bedford, qui aurait introduit le concept en 1840 car… elle avait faim à l’heure du goûter.

La Duchesse demandait régulièrement un plateau avec du thé, du pain, du beurre et des petits gâteaux et des sandwiches. Cela tombait bien, puisque l’invention éponyme du 4ᵉ Earl of Sandwich, John Montagu, avait le vent en poupe depuis la fin du XVIIᵉ siècle…

La Duchesse de Bedford aimait inviter ses amis à la rejoindre pour cette heure du thé et presque deux siècles plus tard, cette mondanité est devenue une tradition nationale.

Respectez-vous « l’heure de la vessie » ?

En lisant le titre de ma lettre, vous vous êtes peut-être dit “mais non, l’heure du thé en Angleterre, c’est 17 heures !”.

Détrompez-vous.

S’il est coutume en France d’associer cette tradition à la fin de l’après-midi, elle commence bien à 16 heures.

Et c’est une très bonne chose.

En médecine traditionnelle chinoise, 16 heures est l’heure de la vessie. C’est une heure où il faut veiller à votre hydratation, et boire une tasse de thé est un excellent moyen de le faire. 

Qui plus est, vous êtes suffisamment loin des repas et vous ne risquez pas de nuire à votre absorption de fer à cette heure-ci. 

Car si vous avez pour habitude de boire une tasse de thé juste après le repas, vous pourriez compromettre votre ferritine1. Il en va de même pour le café2. Alors si vous aimez boire votre café juste après le repas, je vous le déconseille. 

Attendez plutôt 1 ou 2 heures, ou réservez ce moment pour le tea time !

Entre tradition et hypoglycémie… Le cerveau balance

Une tradition inventée par une duchesse (de Bedford), pour boire un thé anobli par un Earl (Grey), en mangeant des bouchées d’une invention d’un autre Earl (de Sandwich)… 

Tous ces titres réunis n’ont servi qu’à une chose : assouvir la fringale de 16 heures.

Si vous mangez autour de midi, il est probable qu’une féroce envie de grignoter à vous assaille à cette heure-là. Surtout si vous le terminez par un dessert. 

Idéalement, vous n’avez pas faim, et vous n’avez pas de “coup de pompe” dans l’après-midi. Cela veut dire que vous avez suffisamment mangé au déjeuner, et que vous n’avez pas abusé des aliments sucrés. Bravo à vous.

Mais si comme moi, vous n’avez pas encore trouvé la bonne formule pour éviter la fringale de 16 heures… Vous vous reconnaîtrez dans les symptômes suivants :

  • Vous ressentez une fatigue physique ; 
  • Vous avez du mal à vous concentrer, ce que l’on appelle “brouillard de cerveau” ; 
  • Vous avez une sensation de faim ; 
  • Il se peut même que vous soyez un peu à cran…

C’est normal.

Votre taux de glucose et d’insuline sont en chute. Votre cerveau vous envoie un signal d’alerte “Mange maintenant du sucre, ou tu vas mourir !”. 

Résister ou céder, telle est la question

Votre cerveau est le plus gros consommateur de sucre de votre corps. 

Pour fonctionner, votre cerveau prend 20 % des besoins énergétiques journaliers dont vous avez besoin, bien qu’il ne pèse que 2 % de votre poids total.

Votre cerveau est très gourmand.

Alors lorsque votre glycémie baisse (autour de 16 heures), vos fonctions cognitives sont réduites.

Mémoire, concentration, temps de réaction… Tout est réduit jusqu’à ce que votre glycémie se stabilise de nouveau, dans les 20 à 30 minutes qui suivent l’alerte “Mange, ou tu meurs !”.

Mais si vous avez habitué votre cerveau à recevoir des doses régulières de sucre, il vous en demande constamment, même si vous n’en avez pas besoin. 

Alors voici quelques conseils pour ne pas céder au caprice de votre cerveau, et pour l’habituer quelque temps : 

  • Mettez un chronomètre et attendez 20 minutes, avez-vous toujours envie de grignoter ? Votre glycémie devrait revenir à la normale ; 
  • Buvez une tisane de réglisse, un coupe-faim naturel connu pour réguler votre glycémie ;  
  • Prenez un grand verre d’eau avec une cuillère à soupe de vinaigre de cidre.

Ma défense du goûter… 

Je suis personnellement en faveur du tea time. Non pas par respect de la tradition, mais parce qu’il a une vraie utilité : je mange moins au dîner. 

Et le soir, il est préférable de manger léger.

C’est également l’avis de l’éminent hépatologue et diabétologue dont je vous ai parlé dans mes précédentes lettres, le Dr Réginald Allouche. 

Voici son conseil tel qu’il l’écrit dans son dernier livre Sucre, l’ennemi public n°1 3 : “Pour éviter de trop manger le soir, anticipez votre dîner en consommant vers 17 heures des amandes et/ou un fruit accompagnés d’une boisson chaude et apaisante.

En voici une bonne excuse pour apprécier un bon Earl Grey tea

Et vous, avez-vous pour habitude de prendre le thé/le goûter ? Ou bien quelles sont vos astuces pour ne pas avoir de fringale dans la journée ? Dites-le-moi dans les commentaires ! 

Santé !

Mélanie Sigali

Sources :
1 https://gut.bmj.com/content/43/5/699 

2 https://www.frontiersin.org/journals/nutrition/articles/10.3389/fnut.2023.1249702/full 

3 Allouche R., “Sucre, l’ennemi public n°1”, Albin Michel, 2024, 978-2-226-48095-8.

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Vous dites : « Car si vous avez pour habitude de boire une tasse de thé juste après le repas, vous pourriez compromettre votre ferritine1. Il en va de même pour le café2. Alors si vous aimez boire votre café juste après le repas, je vous le déconseille. »
Vous ne parlez pas de la chicorée. Or je bois de la chicorée. Notamment le soir avant d‘aller me coucher, mais c’est juste après le dîner. Qu’en est-il de la ferritine ? Idem pour « la caroube », et pour le chocolat ? En effet, je ne bois ni thé, ni café.
 
Merci de me répondre.

Moi, vers 16 h, j’aime particulièrement grignoter des arachides en écales (non salées), accompagnées le plus souvent d’´une pomme, et parfois d’un yogourt nature (que je fais moi-même au lait bio) avec du sirop d’érable.

Je ne connais plus les fringales depuis bien longtemps car j’ai une alimentation cétogène. J’ai juste besoin de prendre un shaker protéine et ça me suffit

Personnellement je ne mange qu’une seule fois par jour entre 17h-19h selon les jours, entre-temps je jeûne, mon corps est habitué et je n’ai jamais de coup de barre je n’ai pas de fringale dans la journée je fais du sport je vis normalement. Si je dois aller au restaurant où rencontrer des amis le midi, en général je n’ai pas faim car mon corps n’est pas habitué à manger si tôt donc je me force un peu à manger pour la convivialité mais du coup je ne mange pas le soir car je n’ai plus faim, je ne mange que le lendemain soir à partir de 17h et je ne ressens aucune fin car mon corps est habitué.