Chère lectrice, cher lecteur,

Les personnes qui boivent du café au lait sont souvent considérées comme n’aimant pas vraiment le café.

Le lait vient en effet adoucir ce que les amateurs apprécient le plus dans le café noir : le goût et l’amertume.

Mais une étude publiée il y a quelques jours pourrait donner un argument aux personnes qui aiment le café au lait^[1].

Avant de vous en dire plus, vous devez savoir pourquoi le café brut peut être intéressant pour la santé.

Un cocktail d’antioxydants

Le café fait partie des aliments qui contiennent le plus de polyphénols, sous forme d’acide chlorogénique – les polyphénols sont des substances antioxydantes qui luttent contre l’inflammation et le vieillissement prématuré de l’organisme.

C’est ce que montre le tableau suivant :

Ce tableau a été publié dans un ancien numéro de Secrets de Nutrition, la revue que j’édite, et dresse la liste des aliments courants les plus riches en polyphénols.

On constate que le café filtre arrive en 6^ème position !

D’ailleurs, des chercheurs ont observé que les personnes qui buvaient régulièrement du café avaient un risque de mortalité de toutes causes légèrement plus faible^[2].

À noter que cet effet s’observe aussi avec le café décaféiné ; preuve qu’il n’est pas dû à la caféine, mais bien aux polyphénols de la plante.

Grâce à ses polyphénols, le café est donc par nature anti-inflammatoire.

En revanche, ce rapport bénéfices/risques s’inverse à partir de 4 cafés par jour, avec des risques plus importants de cancers de l’estomac^[3] ou de la prostate^[4], d’où l’importance de ne pas en abuser.

Quel rapport avec le café au lait ?

Eh bien, une étude récente montre qu’en ajoutant du lait à votre café, ses effets anti-inflammatoires pourraient être multipliés par 2 !

Une synergie entre polyphénols et protéines

Comme nous venons de le voir, le café est riche en polyphénols.

Le lait quant à lui contient des protéines (en plus du gras).

Or en présence de protéines, les polyphénols se lient aux acides aminés (les briques qui constituent les protéines), ce qui améliore leur stabilité et leur absorption dans notre organisme.

Ainsi l’étude indique que lorsque vous buvez un café au lait, les protéines du lait amplifient les effets anti-inflammatoires des polyphénols du café.

Des résultats à prendre avec des pincettes

Je me méfie un peu de ces résultats pour plusieurs raisons.

La première est que cette étude a été réalisée in vitro – c’est-à-dire sur des cellules. Les effets de cette synergie sur les humains sont donc seulement supposés.

Par ailleurs, vous savez peut-être que le café est un aliment qui ne fait pas l’unanimité dans le monde de la santé et de la nutrition.

Prenons l’exemple de cette étude publiée en 2021^[5], qui rapporte précisément des résultats de recherches publiées sur le café au lait.

Il s’avère qu’en fonction des recherches, les effets du lait sur les pouvoirs antioxydants du café pouvaient être diamétralement opposés !

En effet, les résultats de ce genre d’expérience peuvent dépendre de nombreux facteurs :

• la proportion de lait utilisée par rapport au café ;
• la température de la boisson avant/après avoir versé le lait ;
• le type de lait ajouté (écrémé/demi-écrémé/entier) ;
• la méthode utilisée par les chercheurs pour mesurer les propriétés antioxydantes ; etc.

Il est donc très difficile d’avoir une réponse claire sur ce sujet.

Dans le doute, j’aime me fier à mon ressenti.

Personnellement je n’aime pas le café, et quelles que soient les vertus qu’on lui prête, je n’ai pas l’intention de m’y mettre.

De la même façon, si vous digérez mal le lait ou que le café vous cause des brûlures d’estomac, il serait évidemment contre-productif de vous forcer à en boire.

Profitez d’une synergie anti-inflammatoire à tous les repas

Tous les végétaux (mais particulièrement les fruits) contiennent des polyphénols dans des proportions variables. De la même façon, de nombreux aliments contiennent des protéines.

La synergie observée dans l’étude sur le café au lait pourrait donc s’appliquer à beaucoup d’autres boissons ou plats.

C’est ce qu’évoque une des chercheuses de l’étude, Marianne Nissen Lund : « J’imagine qu’une réaction similaire se produit avec, par exemple, un plat de viande avec des légumes, ou un smoothie, dans la mesure où ce dernier contient des protéines comme du lait ou du yaourt. »

La chercheuse ne mentionne que des exemples d’associations avec des protéines animales, mais on pourrait supposer que cet effet est valable avec des protéines végétales comme des noix ou des légumineuses : soupe de légumes et lentilles, salade de fraises avec des noisettes, poêlée de légumes grillés avec des haricots noirs… les possibilités sont infinies !

Cette association d’aliments n’est qu’un exemple parmi d’autres de synergies alimentaires.

Il existe aussi d’autres synergies qui contribuent à :

• Améliorer votre santé cardiovasculaire
• Redoubler d’énergie ; éviter les “coups de barre” en milieu de journée
• Renforcer et embellir vos cheveux
• Booster votre mémoire
• Etc.

Pour cela, il faut connaître les bonnes combinaisons d’aliments, scientifiquement prouvées.

Je vous en reparle bientôt, alors restez attentif.

Bien à vous,

Gaëlle Scrive

^[1] Marianne N. Lund et al., “Phenolic Acid–Amino Acid Adducts Exert Distinct Immunomodulatory Effects in Macrophages Compared to Parent Phenolic Acids”, J. Agric. Food Chem., 2023, doi: 10.1021/acs.jafc.2c06658.

^[2] Gunter MJ et al., “Coffee Drinking and Mortality in 10 European Countries: A Multinational Cohort Study”, Ann Intern Med, 2017, doi: 10.7326/M16-2945.

^[3] Shao-Bo Zeng et al, “Long-Term Coffee Consumption and Risk of Gastric Cancer. A PRISMA-Compliant Dose–Response Meta-Analysis of Prospective Cohort Studies”, Medicine (Baltimore), 2015, 94(38): e1640.

^[4] Ganmaa D et al, “Incidence and mortality of testicular and prostatic cancers in relation to world dietary practice”, Int J Cancer, 2002, 98 (2) : 262-7

^[5] Rashidinejad A et al., “Addition of milk to coffee beverages; the effect on functional, nutritional, and sensorial properties”, Critical Reviews in Food Science and Nutrition, 2021, doi:10.1080/10408398.2021.1897516.