Chère lectrice, cher lecteur,
Si vous avez une voiture qui roule au diesel, il ne vous viendrait pas à l’idée de faire le plein de sans-plomb 95.
Vous risqueriez de créer une asphyxie mécanique et de casser votre moteur.
Il en est de même pour votre digestion.
Vous devez donner le bon “carburant” à votre corps en fonction de votre patrimoine génétique… Sinon c’est la casse assurée.
“Bonjour, c’est la théorie du Dr Mouton”
Dans ma précédente lettre, j’ai commencé à vous parler de génétique et d’alimentation. À votre demande, je vous en dis plus aujourd’hui.
Merci cher “Maillot” pour votre commentaire, il est l’occasion de cette seconde lettre sur le sujet.
Oui, le Dr Georges Mouton a bien écrit un livre très intéressant sur la nutrigénomique (le lien entre nutrition et génétique). Mais il ne s’agit pas de sa théorie à proprement parler.
Le domaine de la nutrigénomique intéresse depuis la fin des années 1990. Nous ne sommes qu’à ses balbutiements.
Un projet d’envergure mondiale avait été lancé en 1990 pour séquencer l’intégralité de l’ADN humain : le Human Genome Project. (1)
En avril 2003, 92% du génome humain avait pu être identifié et séquencé.
Ce séquençage génétique à l’échelle mondiale permet de mieux comprendre comment certaines maladies fonctionnent, pourquoi elles se manifestent chez un individu…
Mais pas seulement.
Revenons à nos moutons
Cet éclairage scientifique a permis de mettre en lumière la compatibilité ou l’incompatibilité de certaines diètes avec le génome de certains individus.
À la lumière de ces découvertes importantes, vous pouvez savoir quel carburant est bon pour vous.
Revenons à nos moutons, et plus précisément, le livre du Dr Georges Mouton et de Julie Lioré, Je mange selon mes génotypes.
Dans son livre, le Dr Mouton propose des réponses scientifiques aux questions suivantes :
- Pourquoi certaines personnes peuvent manger des aliments sucrés, des glucides sans prendre du poids ?
- Pourquoi certaines personnes ne digèrent pas les produits laitiers ?
- Pourquoi certaines personnes mangent des produits gras et ne prennent pas de poids ?
- Pourquoi les viandes grasses ne conviennent pas à tout le monde ?
- Pourquoi certaines personnes sont plus ballonnées que d’autres, en particulier lorsqu’elles mangent du pain ou des pâtes ?
- Pourquoi certaines personnes ont plus souvent des fringales, et ressentent une fatigue généralisée quoi qu’elles mangent ?
Ces différents maux seraient causés, en grande partie, par votre génétique.
Connaissez-vous votre apoE ?
Le Dr Mouton identifie 3 grands types d’individus. Je vous en donne le détail dans un instant.
Mais avant de vous révéler ces 3 grands profils, je dois ouvrir une brève parenthèse scientifique.
Ces profils sont définis en fonction de 3 déclinaisons d’une même protéine dans votre corps.
Tout le monde porte cette protéine, c’est l’apoE. Elle est responsable du transport du cholestérol et d’autres types de graisses dans le sang.
Les multiples combinaisons génétiques entre les individus et les grands changements alimentaires à travers les âges ont donné naissance à 3 types d’apoE.
La première (la plus ancienne) est l’apoE4, la seconde est l’apoE3, et la dernière (la transformation la plus récente) est l’apoE2.
Si vous voulez savoir comment vous nourrir en fonction de votre génétique, commencez par savoir quelle version d’apoE votre corps produit majoritairement.
Ceci est défini par votre patrimoine génétique, et il n’y a qu’un seul moyen de le découvrir : avec une prise de sang en laboratoire médical (sur ordonnance).
À partir de là, vous pourrez adapter votre alimentation, perdre du poids, vous sentir plus en forme, comprendre vos intolérances alimentaires, et j’en passe.
Devez-vous manger comme les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique ?
Commençons par le type le plus ancien, l’apoE4.
Si vous êtes porteur de l’allèle E4, vous avez tendance à accumuler les graisses et le cholestérol.
Une alimentation trop riche ne vous convient pas, car vous êtes “câblé” sur une offre alimentaire ancestrale, celle des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique.
L’alimentation de nos ancêtres du Paléolithique contenait peu d’aliments gras et est principalement constituée de légumes, de fruits, de racines et de petits animaux.
Le Dr Georges Mouton recommande à ces personnes porteuses de l’apoE4 de consommer des graisses non saturées comme l’huile d’olive, des légumes et des légumineuses, des produits de la mer, des œufs, de la viande blanche…
Et des produits laitiers avec modération, en évitant les acides gras saturés comme le beurre, le lait entier, la crème.
Si vous êtes porteur de cet allèle, le régime végétarien peut bien vous convenir, au même titre qu’un régime “flexitarien”, avec une consommation occasionnelle de viande.
Ou êtes-vous plutôt comme les premiers migrateurs vers le Nord ?
Continuons avec le second type, l’apoE3. Pour les porteurs de l’allèle E3, une alimentation riche en graisses et faible en glucides est la plus appropriée.
Les porteurs de l’apoE3 ont l’héritage génétique des personnes qui ont migré vers des climats plus froids après le Paléolithique. Comme leurs ancêtres, ils ont besoin de viande grasse pour se nourrir… Il s’agit de la variation génétique la plus répandue en Occident.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Que si vous êtes porteur de l’allèle E3, vous pouvez consommer des graisses (produits laitiers et animaux) de façon raisonnable, sans que cela soit une menace pour vous. Mais pas trop !
Le Dr Mouton explique que la diète méditerranéenne est la mieux adaptée aux apoE3. Vous pouvez vous servir en légumes, en fruits, en graisses en bonne quantité, en protéines, et en huiles végétales mono et polyinsaturées (huile de noix, huile de tournesol, huile de sésame…).
Ou faites-vous partie des 5% de la population ?
Enfin, nous arrivons au dernier type identifié par le Dr Georges Mouton.
Il s’agit de la variation génétique la plus moderne, l’apoE2.
Si vous êtes porteur de l’allèle E2, vous êtes protégé d’un bon nombre de maux cardiaques et neurologiques. Votre espérance de vie serait supérieure aux autres et vos niveaux de cholestérol sont naturellement sous contrôle.
Ce n’est pas une surprise.
En fait, c’est un peu comme si la génétique des porteurs de l’apoE2 avait installé la “dernière” mise à jour pour être adapté à l’alimentation moderne (où les graisses sont en abondance).
Si vous êtes porteur de l’E2 comme 5% de la population, les régimes végétariens ou végétaliens ne vous conviennent pas.
Vous avez besoin de plus de graisses que les autres, et si elles viennent à manquer à votre alimentation, vous vous exposez à des risques d’obésité plus prononcés que les E4 ou E3.
Les glucides sont les ennemis de l’apoE2. Le Dr Georges Mouton écrit d’ailleurs dans son livre que les sujets apoE2 sont surreprésentés dans les cas d’obésité morbide… Car leur alimentation (riche en glucides) est “profondément inadéquate pour ce génotype”.
Fascinant n’est-ce pas ?
D’autres facteurs génétiques sont à prendre en compte dans votre alimentation, comme votre génotype LCT dans la digestion du lactose ou encore votre amylase salivaire, dans la digestion de l’amidon.
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à vous plonger dans la lecture du livre du Dr Mouton paru aux éditions Exuvie.
Ce n’est pas un sujet facile, et je vous félicite si vous avez suivi ces explications jusqu’à la fin.
Vous ont-elles convaincu d’aborder votre alimentation en fonction de votre génétique ? Dites-le dans les commentaires !
Santé !
Mélanie Sigali
Sources :
- https://www.genome.gov/about-genomics/educational-resources/fact-sheets/human-genome-project#:~:text=The%20Human%20Genome%20Project%20was,90%25%20of%20the%20human%20genome.
- Dr Georges Mouton, Julie Lioré, Je mange selon mes génotypes, comment mon ADN détermine mon assiette, éditions Exuvie, octobre 2024, 978-2-491031-70-1.
bonsoir
je suis APOE E3/E4
qu’en déduire ?merci cdlt
Bonjour Florence, dans une configuration E3/E4, il faudrait prendre référence sur le régime adapté au profil E4.
Je vous invite alors à lire la partie de ma lettre sur le génotype E4, le plus ancien de tous !
Bien à vous et belle journée,
Mélanie
Comment savoir de quel type nous sommes ?
Bonjour Rosa, il est conseillé de demander une ordonnance à votre médecin traitant pour effectuer un test en laboratoire.
Belle journée à vous,
Mélanie
Bonjour,
Votre lettre m’a beaucoup intéressé car je m’intéresse à la médecine fonctionnelle du Dr Mouton depuis plusieurs mois et cherche à en apprendre toujours plus. Votre approche du sujet est très claire et donne assez d’informations pour bien comprendre le principe. Il suffit de transférer votre lettre pour convaincre des proches à qui o veut du bien. merci
Bonjour Jean-Louis, merci pour votre commentaire !
Belle journée,
Mélanie
Bonjour, je suis convaincue. C’est super important pour notre ADN.
Bonjour, je viens juste apporter de petites précisions à votre lettre fort intéressante…
J’ai passé lé fameux test et il peut se faire par correspondance sous forme salivaire en Belgique.
Je suis personnellement à la fois ApoE2 et ApoE4 ce qui explique les soucis de santé que j’ai eus quand j’ai passé en mode plutôt végétarien .
Dans ce cas, le régime alimentaire à suivre est un peu plus complexe !
Nous n’avons pas forcément un ApoE unique…
Bonjour Christiane, merci pour votre précieux témoignage.
Vous faites bien de le préciser, je ne l’ai pas fait dans cette lettre pour ne pas compliquer les choses : nous n’avons pas tous qu’un seul apoE, mais une association de deux allèles E2/E3, E3/E4, E2/E4, E2/E2, E3/E3, E4/E4… Dans votre cas, et selon le Dr Mouton, vous faites partie des 2% de la population à avoir cette association. C’est l’association de « deux extrêmes », et il n’y aurait pas de réponse simple à vos solutions alimentaires. En effet, votre régime alimentaire est plus complexe !
Merci et belle journée,
À bientôt,
Mélanie
Bonjour Christiane,
où s’adresser pour faire le test salivaire en Belgique depuis la France SVP ? n nom de site internet SVP ?merci beaucoup