Chère lectrice, cher lecteur,

Quand on pense « aliments bons pour le cœur », on pense immédiatement aux poissons gras, ou à des légumes verts à feuille.

Mais il y a un autre aliment – rouge, lui – qui a des propriétés malheureusement trop peu connues des médecins, et même des nutritionnistes.

Cet aliment, c’est l’oignon rouge.

L’oignon est excellent pour la santé, vous le savez peut-être déjà.

Il contient des antioxydants de la famille des flavonoïdes qui luttent contre les radicaux libres (des molécules instables endommageant les cellules et accélérant le vieillissement).

De nombreuses recherches montrent que les flavonoïdes réduisent les risques cardiovasculaires, de cancers, de dégénérescence cérébrale[1]^,[2], ou encore diminuent la pression artérielle[3].

Mais l’oignon rouge a des propriétés encore plus intéressantes.

Pourquoi les oignons rouges sont meilleurs pour votre cœur

Les oignons rouges contiennent un antioxydant qui leur donne leur couleur (et qu’on ne retrouve donc pas dans les oignons blancs ou jaunes) : les anthocyanes.

C’est le même antioxydant que l’on retrouve dans les myrtilles, les mûres, le cassis, le raisin noir, le riz noir…

Or les anthocyanes contribuent à protéger le cœur par plusieurs mécanismes :

• En régulant la tension artérielle[4];
• En abaissant les niveaux de triglycérides et de cholestérol LDL, tout en augmentant celui de cholestérol HDL[5] – un bon équilibre cholestérol HDL/LDL est le marqueur d’une bonne santé cardiovasculaire ;
• En favorisant la production d’oxyde nitrique, un gaz qui facilite la dilatation des vaisseaux sanguins[6].

N’hésitez donc pas à revisiter vos plats préférés à base d’oignons : soupe aux oignons rouges, pissaladière aux oignons rouges, oignon rouges farcis…

Cependant, vous devez savoir que la majorité des antioxydants se trouvent dans la peau de l’oignon⁷.

Devez-vous manger la peau des oignons ?

Après épluchage (donc sans cuisson ni autre mode de préparation), un oignon rouge conserve 79 % de sa quercétine et seulement 27 % de ses anthocyanes⁷ ! Cela représente une perte considérable.

Cela signifie-t-il qu’il faille réutiliser les peaux d’oignons en cuisine ?

Il est difficile de trouver des études qui prouvent les bienfaits des peaux d’oignons, mais si l’expérience vous tente, assurez-vous de récupérer des épluchures d’oignons bio pour limiter les pesticides.

Voici trois façons possibles de « consommer » les épluchures d’oignons :

1. Ajoutez-les dans un bouillon

Les antioxydants des épluchures d’oignons peuvent migrer dans l’eau de cuisson[7].

Donc même si vous ne mangez pas les épluchures, vous pouvez profiter de leurs bienfaits en les laissant infuser.

Lorsque vous préparez des soupes, des ragoûts ou d’autres plats mijotés, vous pouvez ajouter des épluchures d’oignons rouges, que vous retirez juste à la fin de la cuisson.

2. Faites-en une tisane

Cela vous semble peut-être saugrenu, mais le « onion peel tea » (tisane d’épluchures d’oignons) a des adeptes aux États-Unis[8].

Je ne commenterai pas les vertus irréalistes qu’on lui prête, mais si les anthocyanes migrent dans l’eau de cuisson… pourquoi pas ! Pour cela :

• Faites chauffer les peaux de trois oignons dans 500 ml d’eau jusqu’à ébullition, et laissez bouillir environ 5 minutes. L’eau devrait prendre la coloration des épluchures.
• Coupez le feu puis laissez infuser à couvert pendant une dizaine de minutes.
• Filtrez avant de boire.

Non ce n’est pas du vin, c’est bien une infusion de peaux d’oignons rouges. Elles donnent une boisson d’un rouge profond, signe de sa concentration en anthocyanes.

Le goût de l’oignon est discret, mais je vous préviens : c’est amer. N’hésitez pas à ajouter une cuillère de miel pour en adoucir le goût.

3. Réduisez-les en poudre

Séchez les peaux d’oignons (avec un déshydrateur ou au four à basse température) puis réduisez-les en poudre à l’aide d’un moulin à café.

Vous pouvez ensuite utiliser cette poudre pour remplacer une partie de la farine dans vos préparations de pâtes fraîches, pains, pâtes à tarte…

Il y a quelques mois, j’ai même réalisé un pain avec de la poudre de peaux d’oignons rouges (35 grammes dans un gros pain ; ça paraît peu mais il en faut, des oignons, pour arriver à cette quantité d’épluchures).

Les peaux d’oignons rouges ont « teinté » le pain et ont rendu la mie presque violette.

C’était une expérience intéressante, mais si c’était à refaire, j’essaierais de réduire les épluchures en poudre très fine, ou de les mixer à l’eau puis de filtrer, car leur texture se sentait en bouche.

Bonne (re)découverte des oignons rouges, et surtout faites-vous plaisir !

Gaëlle Scrive

[1] Panche AN, et al., “Flavonoids: an overview”, J Nutr Sci, 2016.

[2] Kozlowska A. et al., “Flavonoids – food sources and health benefits”, Rocz Panstw Zakl Hig, 2014.

[3] Serban MC. et al., “Effects of Quercetin on Blood Pressure: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials”, J Am Heart Assoc, 2016.

[4] Kent K. et al., “Consumption of anthocyanin-rich cherry juice for 12 weeks improves memory and cognition in older adults with mild-to-moderate dementia”, Eur J Nutr, 2017.

[5] Mozos I et al., “Effects of Anthocyanins on Vascular Health”, Biomolecules, 2021.

[6] Ockermann P et al., “A Review of the Properties of Anthocyanins and Their Influence on Factors Affecting Cardiometabolic and Cognitive Health”, Nutrients, 2021.

[7] Nemeth K. et al., “Food content, processing, absorption and metabolism of onion flavonoids”, Critical Reviews in Food Science and Nutrition, 2007.

[8] Sushmita Sengupta, “6 Onion Peel Tea Benefits That’ll Convince You To Save Those Onion Skins”, 2020, food.ntv.com.